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mardi 16 juillet 2013

"Z-40" le chef du cartel sanguinaire des Zetas a été arrêté


Il s’agit d’un premier succès pour le président mexicain Enrique Peña Nieto, au pouvoir depuis six mois.

 TF121


Le chef du cartel des Zetas, considéré comme le groupe criminel le plus violent du Mexique a été arrêté lundi 15 juillet à l’aube par les forces de la Marine de guerre sans qu’un seul coup de feu ait été tiré, a annoncé lundi soir un porte-parole du ministère mexicain de l’Intérieur. C’est la première arrestation majeure depuis l’arrivée au pouvoir du nouveau président Enrique Peña Nieto, en décembre dernier.

Son prédécesseur, Felipe Calderon (2006-2012), s’était engagé dans une guerre contre les cartels, très critiquée pour avoir provoqué un regain de violence qui avait fait plus de 70 000 morts et au moins 24 000 disparus en six ans. Enrique Peña Nieto a quant à lui pris une autre direction, en mettant l’accent sur la lutte contre la corruption et le renforcement de la justice, dans un pays où 99 % des crimes restent impunis, d’après la commission mexicaine des droits de l’homme (rapport de 2012).

A 3 h 40 du matin, sur une route de l'Etat de Tamaulipas (Nord-Est), frontalier avec les Etats-Unis, Miguel Angel Treviño, 40 ans, dit « Z-40 », a été intercepté avec deux autres hommes par un hélicoptère de la Marine qui s’est posé en face de son véhicule, sur une petite route près de Nuevo Laredo, Les militaires mexicains ont saisi 2 millions de dollars en espèces, ainsi que huit armes et 500 cartouches. Les deux autres personnes arrêtées seraient un garde du corps et un opérateur financier du cartel. Les trois hommes n’ont pas résisté, d’après le ministère.

Anciens militaires ultra-violents

Miguel Angel Treviño était devenu le chef des Zetas après la mort, en octobre 2012 dans une action de la Marine, de Heriberto Lazcano, alias « El Lazca » ou « Le bourreau », dont le corps avait été enlevé par un groupe armé et dont on n’a pas retrouvé la trace. Le Département d’État américain avait offert 5 millions de dollars et le gouvernement mexicain 2,3 millions pour toute information menant à l’arrestation du dirigeant du cartel.

Créé à la fin des années 1990, le groupe des Zetas rassemble d’anciens membres d’un corps d’élite de l’armée mexicaine lassés par les échecs de la lutte contre les cartels. Ces professionnels de la guerre sont rapidement devenus le cartel le plus sanguinaire, accusés notamment du massacre de 72 immigrants d’Amérique centrale et du Sud, retrouvés dans la cour d’un ranch de l’État du Tamaulipas (nord-est), en août 2010. Ils sont aussi les responsables de l’incendie volontaire, en plein jour, d’un casino de Monterrey, au nord du Mexique, qui a fait 52 morts.

Guerre de cartels

Les Zetas sont engagés dans une lutte sanglante de cartels au Mexique, en particulier avec celui connu sous le nom de Sinaloa, le plus puissant du pays, pour le contrôle des routes de la drogue vers les États-Unis, et pour d’autres activités criminelles comme les enlèvements de migrants, le racket…

Son chef, Joaquin « El Chapo » (le trapu) Guzman est l’homme le plus recherché au monde depuis l’arrestation du fondateur d’Al-Quaïda, Oussama Ben Laden. En février dernier, il a été désigné « ennemi public numéro un » – le précédent n’était autre qu’Al Capone, en 1930 – par la Commission du crime de Chicago. La capitale de l’Illinois serait la plaque tournante de la distribution de drogue par ce cartel aux États-Unis.

Selon Virgilio Bravo, spécialiste du crime organisé à l'Institut technologique de Monterrey, "les Zetas se caractérisent par une cruauté inégalée avec leurs décapitations et autres mutilations macabres, pour effrayer leurs adversaires". En quelques années, ce gang est devenu le deuxième cartel le plus puissant du pays, après celui de Sinaloa. Les Zetas contrôleraient désormais près de la moitié des 32 Etats mexicains, prenant aussi pied sur le sol américain. "A la différence des autres cartels homogènes, cette mafia crée des franchises criminelles régionales qui soumettent les autorités locales par leur violence", explique M. Bravo.

Ce gang ne se contente pas du trafic de drogue, diversifiant ses activités aux enlèvements d'émigrés clandestins, aux extorsions ou au vol de combustible. Miguel Angel Treviño est notamment accusé d'être le commanditaire du massacre de 72 immigrants d'Amérique centrale et du Sud, retrouvés, en 2010, entassés sur le terrain d'un ranch dans l'Etat de Tamaulipas. Son cartel serait aussi responsable, un an plus tard, de l'incendie volontaire en pleine journée d'un casino qui a fait 52 morts dans la ville de Monterrey (Nord-Est).

"BALLON D'OXYGÈNE POUR LE GOUVERNEMENT"

Sa capture représente un succès de poids pour le nouveau gouvernement depuis l'entrée en fonctions, le 1er décembre 2012, du président Enrique Peña Nieto, du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI, centre). Ce dernier a succédé à Felipe Calderon (2006-2012), du Parti action nationale (PAN, droite), dont la stratégie frontale contre les cartels avait été accusée d'amplifier la vague des crimes. Pour rompre avec la spirale des violences, M. Peña Nieto privilégie la prévention des délits tout en maintenant les militaires dans les rues.

Bilan : 7 110 homicides liés au crime organisé depuis janvier, soit 18 % de moins qu'en 2012 sur la même période, selon les autorités. Des chiffres contestés par des experts, alors qu'aucun grand narcotrafiquant n'avait été capturé sous la nouvelle administration. "L'arrestation de Z-40, le pire des criminels du pays, pourrait constituer un ballon d'oxygène pour le gouvernement, qui peine à mettre en place sa nouvelle stratégie de sécurité, commente M. Bravo. Mais elle pourrait aussi provoquer une lutte au sein des Zetas pour la succession de Treviño, et mettre davantage le feu aux poudres dans le nord du Mexique." Réponse dans les prochains jours.


Simon Leplâtre